Chronique

Marc Perrenoud Trio

Morphée

Marc Perrenoud (p), Marco Müller (b), Cyril Regamey (dms)

Label / Distribution : Neuklang

Le nouvel album du Marc Perrenoud Trio est presque né dans les bras de Morphée. La chaleur écrasante de l’été 2019, à Genève, n’a pas laissé d’autre choix au pianiste que d’écrire la nuit ces huit compositions, que le trio a ensuite fait naître en résidence à Annemasse. Ce cadre imposé par une circonstance extérieure a donné à l’album son principe intérieur.

A l’instar du zen japonais, qui vit la grande semaine de Rōhatsu comme une seule journée, le trio s’est enfermé à Château Rouge pour une longue nuit d’une semaine, concentré sur la musique et rien d’autre. Avec en toile de fond une quête de la nouveauté, puisée dans un certain inconfort, afin de tordre le cou aux habitudes que de longues années de complicité ont pu installer.

Le crépuscule s’installe dès l’ouverture du disque avec le titre éponyme, qui résonne comme le songe d’un Kind of Blue lointain et crépusculaire. Le disque maintient cet équilibre subtil entre acuité et chimères et nous berce d’une musique aussi sensible que rythmée, toujours teintée d’une grande puissance onirique.

Morphée est un oiseau de nuit à la fois inconnu et étrangement familier, qui se pose furtivement le temps de n’être pas vu. Il s’inscrit dans la grande tradition des disques de jazz en trio, avec ce petit quelque chose en plus, comme un rêve oublié qui laisse derrière lui une vague impression.